L’écologie est-elle une nouvelle forme de spiritualité ?

Elia Lutz

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ecologie et développement personnel

Dans une société qui fait croire que la réalisation de soi passe par la consommation, comment s’extraire d’un consumérisme aveugle qui a fait de la nature un matériau comme les autres ? Depuis quelques années déjà, ce constat pousse un certain nombre d’entre nous, a une reconnexion avec la nature et un désir d’authenticité naît de cette prise de conscience. La nature ne serait donc plus perçue uniquement comme quantifiable mais plutôt comme une aventure spirituelle. L’économisme laisserait place alors au don et Homo œconomicus deviendrait Homo spiritualis.

Spiritualité et écologie

Regarder la nature non plus comme une marchandise, comme une matière à être exploitée mais au contraire comme un écosystème sensible, nous invite à ressentir avec le cœur.

C’est cette joie ressentie au contact d’une nature originelle qui va nous amener vers cette profonde aspiration à être et non plus à avoir et à s’engager dans des pratiques écocitoyennes.

La métamorphose de soi est donc en premier lieu nécessaire pour ensuite améliorer le monde.

Une nouvelle relation va naître, plus spirituelle, qui va permettre d’aborder les blessures faites par l’homme à la nature différemment. Mais cette expérience spirituelle est-elle suffisante aussi intense soit-elle ? Peut-elle venir au secours de la planète et par conséquent au nôtre ?

Des changements fondamentaux de consommation ainsi qu’une politique environnementale doivent être établis pour remédier aux causes d’un tel désastre. Entrer en transition semble donc nécessaire pour de nombreux scientifiques, philosophes etc. Et cette transition est tout autant d’ordre écologique, politique que spirituel.

Il est difficile lorsqu’on évoque écologie et spiritualité de ne pas parler du courant fort contesté, l’écologie profonde.

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L’écologie profonde un courant philosophique contesté

C’est dans les années 70, que l’écologie profonde appelée également deep ecology a donné naissance à ce mouvement qui vise à transformer le rapport de l’homme à la nature et à lui apporter une relation plus profonde bien au-delà d’une simple réparation écologique. En outre, elle cherche à surpasser les grands courants écologiques contemporains tels que la préservation d’espaces sauvages comme les parcs nationaux ou encore la lutte contre les dommages causés par l’utilisation de produits chimiques et toxiques.

C’est le philosophe norvégien Arne Næss (1912-2009) qui a inventé ce terme d’écologie profonde et qui se consacre à la philosophie de l’écologie appelée l’écosophie. Sans rejeter pour autant l’écologie superficielle shallow ecology qui comme indiqué précédemment lutte contre la pollution, l’épuisement des ressources etc. l’écologie profonde quant à elle intègre l’homme dans la nature en l’invitant tout simplement à prendre conscience de son interdépendance à mère nature. Ce courant s’oppose à une vision écologique anthropocentrique et utilitariste ainsi qu’à l’instrumentalisation de la nature selon les propos de Næss.

Ce mouvement qui n’est arrivé que tardivement en France et qui a fait entrer l’écologie dans le champ philosophique est très contesté car il a inspiré des militants radicaux. Critiquée également pour son mysticisme, l’écologie profonde a bien des détracteurs. L’ouvrage de Luc Ferry intitulé “Le nouvel ordre écologique” a accusé Arne Næss d’être un anti-humaniste à la pensée fascisante ce qui a bien entendu imprégné l’écologie profonde d’une réputation des plus sulfureuses. Aujourd’hui ce courant est à nouveau revendiqué par des écologistes qui mettent plus en avant la filiation spirituelle que militante.

Quoi qu’il en soit, quel que soit le courant ou la pensée, la transition écologique et spirituelle semble en marche car toutes deux incarnent des valeurs et des engagements. A chacun et chacune de trouver sa place et son rôle dans une société en quête de sens.

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