Le terme français âme tire son origine de sa racine latine anima qui veut dire souffle, respiration. Par son essence, elle désigne ce principe spirituel qui animerait le corps des êtres vivants qu’il soit humain, animal voire végétal. Concept étudié et représenté symboliquement sous différentes formes dès l’Antiquité, il est venu nourrir des courants philosophiques, religieux, psychologiques et populaires. Souvent associé à l’esprit, l’âme est pourtant différente de celui-ci qui est considéré plus comme une force vitale. Impalpable et pourtant immanent, l’âme est rattachée à l’idée même de la vie, séparable mais indissociable.
Qu’est-ce qu’est l’âme ?
Durant des siècles, l’âme est ce qui exprime et explique le principe de vie car un être sans âme ne peut être un être vivant. Il serait donc par conséquent in-animé c’est à dire sans âme selon sa source latine anima. Alors quelle est la nature de l’âme ? Pour cela, il faudrait tenir compte des différentes sources et courants spirituels, religieux ainsi que philosophiques qui sont venus au fil du temps agrémenter cette notion même de l’âme.
L’âme dans les religions
Pour comprendre ce qu’est l’âme dans la religion chrétienne, il est important d’avoir une vision à la fois anthropologique et biblique. Dans la Grèce antique, l’homme est composé d’un corps et d’une âme alors que dans la vision biblique il n’y a pas cette dualité ni cette séparation entre les deux. Car autrement, il serait difficile de comprendre la notion même de résurrection, d’eucharistie etc.
Pour l’Eglise catholique, chaque âme spirituelle est créée par Dieu et se trouve être immortelle. Elle ne périt pas lors de la séparation du corps après la mort et s’unira à nouveau au corps au moment de la résurrection finale. C’est lors du jugement, que soit l’âme va aller au ciel, au purgatoire ou en enfer.
Il n’y a chez les catholiques qu’une seule vie vécue qui est scindée en trois, c’est à dire la vie terrestre liée au corps, la vie céleste où l’âme jouit de la vision de Dieu et enfin la vie de la résurrection des corps.
Dans la religion hébraïque, un des noms qui est donné à l’âme humaine dans la bible est Neshama (נשמה) qui peut dire également souffle. Dans la kabbale hébraïque, cinq niveaux de l’âme sont définis depuis la plus basse jusqu’à la plus élevée, Nefesh, Ruah, Neshama, Haya et Yehida. Les trois premiers niveaux peuvent être rapprochés des trois niveaux de l’âme définis par Platon. C’est à dire, Soma l’âme psychologique, Psyché l’âme émotionnelle et Noûs l’âme intellectuelle.
Dans la religion musulmane, l’islam distingue trois entités spirituelles, l’âme, la psyché et l’esprit. L’âme est insufflée dans le corps humain à partir 120ème jour après sa conception. L’âme va quitter le corps de l’homme après sa mort et possède également cette notion d’immortalité. L’esprit est le côté raisonnable de l’être humain et l’union des deux est ce qui constitue la psyché c’est à dire l’être humain lui même.
L’âme est dans le chiisme cet attribut qui anime le corps durant la vie d’un être vivant. C’est lors du passage vers l’au-delà que l’âme reçoit son jugement et « vit » une seconde mort où elle est extirpée du corps.
Dans les religions animistes, l’âme est cette puissance, cette force vitale qui anime tous les êtres vivants quels qu’ils soient ainsi que les éléments naturels.
Dans la religion hindoue, l’âme est la clé de voute de la pensée indienne, elle est ce souffle vital. Contrairement aux autres courants religieux et conceptions grecques et occidentales, l’âme a en plus de cette attribution personnelle, une signification transpersonnelle et cosmique. Comme si l’âme individuelle pouvait également être l’âme du monde.
L’âme dans la philosophie
Dans la philosophie, l’âme est ce qui fait qu’un être est immortel. Elle est ce qui explique la présence de vie, de mouvements et aussi de penser.
L’influence de la philosophie grecque de l’âme s’étend jusqu’à nos jours. Depuis Aristote et sa division tripartite de trois âmes, l’âme végétative, l’âme animale et l’âme intellective jusqu’au ça, moi et surmoi de Freud. Platon héritier de Socrate est également un adepte de la division tripartite. Platon se questionne à savoir si, nos actes dépendent-ils d’un seul principe ou dépendent-ils de trois principes différents chargés chacun de leur fonction respective ? C’est à dire que l’un de ces principes est que nous apprenons (Noos), l’autre que nous nous mettons en colère (thumos) et le troisième que nous cherchons le plaisir d’engendrer, de manger etc. Ainsi la tête est le siège de la raison et de la pensée, le ventre siège du désir et le coeur siège du courage, de la dignité etc. Ces trois parties de l’âme sont ensuite associées aux trois classes de la cité idéale.
Bien sûr, bien d’autres philosophes grecs, allemands, français etc. se sont interrogés sur l’existence de l’âme, son essence, sa représentation et sa symbolique. Nombreux sont ceux qui se demandent dans les différents courants religieux, spirituels et philosophiques où siègerait l’âme, et serait-elle le siège de la conscience ou serait-ce plutôt l’esprit ?
Y a-t-il une différence entre l’âme et l’esprit ?
La question semble épineuse, complexe et les réponses peuvent être contradictoires selon les courants religieux et spirituels. Pour certains l’âme est une conscience qui quitte le corps physique après la mort tandis que l’esprit est considéré plus comme une force vitale. Pour d’autres l’âme est la partie spirituelle qui compose l’être humain et l’esprit une entité non humaine. L’âme serait également notre partie divine et l’esprit ce que nous sommes vraiment. Il serait aussi le siège de notre conscience. L’âme serait ce qui relie l’esprit à son créateur.
Dans l’approche philosophique et métaphysique, il est question de la triple nature de l’homme, la fameuse triade corps, âme et esprit. Mais il n’est pas toujours simple de distinguer l’âme et l’esprit tellement les deux sont liés et confondus. Ici l’âme est perçue comme le siège de toute activité psychique et des états de conscience de l’être humain. C’est elle par ses dispositions intellectuelles, morales et affectives qui vont former l’individualité c’est à dire le « moi » profond. L’âme est liée à la conscience donc mais aussi à l’égo, à l’intellect, à la raison et aussi au coeur qui serait pour certain le siège même de l’âme qui serait attirée soit vers le bas, la matière, ou vers le haut, l’esprit.
L’esprit quant à lui à plus une notion de souffle vital voire de divin. L’esprit peut être « Noûs » et correspond à la dimension plus spirituelle. Il spiritualise l’âme et le corps. L’Esprit Saint est ce qui vient d’en haut, le Principe divin.
En résumé, l’Esprit Saint (lumière divine) est attribué à l’élément feu « Logos », l’esprit humain « Noûs » à l’air, l’âme « moi » à l’eau et le corps à la terre. Le 5ème sens serait le monde physique.
L’âme est par conséquent cette médiatrice entre l’esprit et le corps. Associée à l’eau, l’âme possède ce caractère changeant et peut être décliné sous trois états différents :
- solide et attaché à la matière
- liquide et fluctuant souvent attiré vers le bas
- gazeux et associé plus à l’esprit
L’âme est donc fait de pensées et d’émotions et sa nature fait qu’elle balance entre l’esprit et le corps. Elle va être attirée vers le bas lorsque elle s’attache à l’égo, lorsqu’elle est soumise à un mental non maîtrisé et lorsqu’elle ignore sa nature profonde etc. Elle va être attirée vers le haut vers le monde de l’esprit lorsqu’elle se détache de l’égo et du mental, lorsqu’elle s’associe à la raison et se détache du passé, du futur et lorsqu’elle s’inscrit dans le présent. L’âme va s’élever également lorsqu’elle cherche à se connaître et qu’elle s’ouvre à la transcendance.